Lettre à Homa
C’est avec joie qu’au nom de l’association 20 barakat et Femmes Solidaires ,nous vous accueillons aujourd’hui.
Nous avons suivi, inquiètes et attentives, le combat que vous avez mené pour arriver à la décision du premier ministre de l’Ontario de renoncer aux tribunaux d’arbitrage religieux.
Nous voulons vous féliciter, et à travers vous, toutes les organisations de femmes qui ont participé à cette bataille dans votre pays.
Que pouvons-nous tirer de cette expérience ?
D’abord et avant tout que l’union fait la force : c’est grâce à votre union au Canada, couvrant une large palette d’opinions, mais regroupées ensemble face à l’adversaire que vous avez obtenu le succès.
Il est clair aussi que notre union à toutes au niveau mondial ainsi que le soutien international à votre cause du mouvement des femmes, ont été déterminants dans votre succès.
Car le problème est international. En effet la tentative d’introduire un arbitrage musulman dans un pays laïque fait partie intégrante de la nouvelle politique d’entrisme des intégristes musulmans, dans les pays occidentaux, ou ils utilisent les notions de droits humains, de liberté et de respect des minorités pour justifier un projet politique d’extrême droite.
Bien des organismes de droits humains s’y laissent prendre, qui acceptent, au nom des droits des communautés, de piétiner les droits des femmes. Comment accepter une telle hiérarchie entre les droits humains ?
Nous rendons hommage à tous ceux et celles qui ne sont pas tombés dans ce piège.
Par ailleurs, si les femmes canadiennes ont l’habitude de soutenir les femmes du Tiers monde, elles n’ont pas l’expérience de bénéficier à leur tour de la solidarité internationale. C’est une très bonne expérience pour elles :
D’une part, parce qu’elles ont pris conscience, de l’intérieur, que nous avons partie liée, que ce qui est perdu ici entraînera des pertes ailleurs pour d’autres femmes, que ce qui est gagné ici aidera d’autres femmes à gagner la bataille ailleurs, et que si nous perdons des batailles dans nos pays, cela peut aussi avoir un effet négatif sur elles-mêmes, au Canada..
D’autre part, parce que cela leur permet de distinguer l’aide de la solidarité : l’aide va de ceux et celles qui ont vers ceux et celles qui n’ont pas ; la solidarité va dans les deux sens, précisément parce que nous sommes embarquées toutes dans le même bateau- avec des différences,certes, mais il n’est que de voir les attaques contre les droits des femmes à tous niveaux et en tous lieux, pour réaliser ce qui est en train de se passer au niveau mondial
C’est pourquoi, en ce moment historique, c’est de solidarité et de réciprocité que nous avons besoin dans le mouvement international des femmes !
Bravo donc encore à toutes, mais ATTENTION
Nous avons gagné une bataille mais pas la guerre
Il serait illusoire de croire que l’extrême droite musulmane, et ses alliés au Canada vont se laisser frustrer de leur victoire attendue.
Dans les semaines et les mois qui viennent et jusqu’à ce que la législation garantissant les droits humains des femmes soit tout à fait claire, la plus grande vigilance s’impose.
Et même ensuite, il nous faudra veiller à la nouvelle offensive qui ne saurait manquer de survenir : sous quelle forme ? On ne sait pas pour l’instant, mais c’est là que se révèle toute l’importance et la richesse des liaisons internationales qu’offre le mouvement de femmes ; il faut s’informer sur ce qui s’est passé ailleurs, sur les stratégies des intégristes dans d’autres pays, au lieu de penser : « cela n’arrivera pas chez moi ! »
Selon notre expérience, il est tout à fait probable, que les intégristes musulmans reçoivent l’appui rapidement d’autres intégristes, religieux ou non, au Canada, pour crier à la discrimination. De même, il est probable aussi que les grandes organisations de droits humains demeurent dans l’ambiguïté, entre la défense des communautés’ (représentées par qui ? ) et la défense des droits des femmes.
Une seule certitude pour nous, ils ne vont pas s’arrêter là !
Nous devons leur imposer une détermination et une vigilance sans faille ! Car c’est un projet de société d’extrême-droite qu’ils proposent, sous couleur de religion, en commençant par mettre en cause les droits des femmes ! Dans nos pays, nous avons l’expérience que ce n’est qu’un premier pas dans leur stratégie d’arriver au pouvoir politique.
A tout cela, une solution immédiatement à notre portée :
FAIRE ALLIANCE AVEC LES FEMMES DE PROGRES OU QU’ELLES SE TROUVENT, DANS QUELQUE « COMMUNAUTE » QUE CE SOIT. A L INTERIEUR DU CANADA ET , BIEN AU DELA AUSSI DANS LE MONDE ENTIER.
Tisser des liens, organiser des échanges, se soutenir les unes les autres selon nos besoins.
Si nous pouvions faire un vœu pour le mouvement international des femmes, ce serait celui-ci : « QUE LE SOUCI DE RECONNAITRE NOS DIFFERENCES NE NOUS VOILE PAS CE QUE NOUS AVONS EN COMMUN. FRANCHISSONS LES BARRIERES NATIONALES, ETHNIQUES, RELIGIEUSES, RACIALES ET AUTRES…. »
QUE CE VŒU SOIT EXAUCE REPRESENTERAIT UNE VRAIE ALTERNATIVE AUX OPPOSITIONS ENTRE « COMMUNAUTES »
Bravo à vous tous HOMA, merci encore d’être parmi nous aujourd’hui. Je ne terminerai pas sans un grand salut à ceux et celles que j’ai eu le plaisir de rencontrer personnellement à DROITS ET DEMOCRATIE, aux principaux groupes de femmes du QUEBEC dont la FEDERATION DES FEMMES DU QUEBEC et la MARCHE MONDIALE DES FEMMES AU CONSEIL CANADIEN DES FEMMES MUSULMANES et, particulièrement à ALIA HOGBEN, NUZHAT JAFRI et TAREK FATAH dont j’ai pu constaté l’impact de sa chronique.
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